En arrivant à la maison, je comptais bien me reposer mais tout ce qui me trottait dans la tête, c’était de présenter Elliot à ma famille et d’annoncer la nouvelle de sa naissance à mes amis.  Profitant de la technologie de la vidéo caméra et de Skype, j’entrai en contact avec mes parents.  Ils étaient si contents de voir Elliot. Ma mère me dit que ça lui faisait tout drôle de me voir avec mon bébé mais que j’avais déjà l’air d’être très à l’aise avec lui.  Je discutai ensuite avec elle des détails de sa prochaine visite.  Elle allait prendre l’avion dans trois jours pour venir passer une semaine chez nous.  Son aide allait nous être grandement utile.

Pendant le reste de la journée, je tentai de me reposer entre les boires d’Elliot mais sans grand succès.  Lorsque je me couchai pour la nuit, je réussis à m’endormir.  Quand Elliot se réveilla vers deux heures du matin pour boire, je l’allaitai puis le berçai pour le rendormir.  Dès qu’il fut rendormi, je ne me sentis plus fatiguée du tout.  J’avais juste l’ardent désir d’aller sur le site de Facebook pour y mettre des photos de la naissance d’Elliot et de donner de mes nouvelles.  Et c’est ce que je fis au beau milieu de la nuit, sans que Gerhard n’en ai connaissance (car il aurait bien essayé de me convaincre de retourner me coucher).  Je restai éveillée jusqu’au prochain boire d’Elliot après quoi je retournai me coucher réalisant qu’il fallait bien que je récupère du sommeil.

Lorsque je me réveillai au matin, je me préparai pour la première visite de suivi à la maison par notre sage-femme Holly.  J’étais très contente de la voir.  Après m’avoir posé quelques questions sur Elliot, le déroulement de l’allaitement et mon état, elle ausculta Elliot puis le pesa.  Il avait perdu un peu de poids depuis la naissance, mais cela était normal.  Il allait sûrement le reprendre dans les prochains jours.  Nous passâmes ensuite du temps à parler du déroulement de l’accouchement.  Elle me fit réaliser à quel point j’avais démontré une force incroyable et que je n’aurais pas pu éviter les interventions médicales.  Tout avait été essayé pour rester à la maison mais pour ma sécurité et celle d’Elliot, la décision de se rendre à l’hôpital avait été la meilleure.  Et en fait, si une situation semblable se présentait à un prochain accouchement, je devrais plus rapidement accepter de continuer l’accouchement à l’hôpital plutôt que de m’entêter à rester à la maison.

Pendant les deux jours qui suivirent la visite d’Holly, je me sentis pleine d’énergie et dans un parfait bonheur de nouvelle mère.  Bien que je tentais de me reposer le jour en même temps qu’Elliot, j’arrivais difficilement à le faire.  J’étais trop excitée pour dormir.  Je passais plutôt beaucoup de temps sur Facebook pour répondre aux commentaires ou y mettre de nouvelles photos.  Au beau milieu de la nuit, entre deux boires d’Elliot, j’écris même d’une traite un long courriel de quatre pages à une amie à qui je sentais l’envie pressante d’écrire.  La facilité avec laquelle les mots me venaient à l’esprit me fascinait.

Puis arriva la deuxième visite d’Holly à la maison.  En pesant Elliot, elle remarqua qu’il n’avait pas encore repris son poids de naissance malgré le fait que je n’éprouvais pas de difficulté à l’allaiter.  Elle me suggéra d’aller consulter une clinique d’allaitement afin d’obtenir leur avis et de recevoir des conseils. Elle prit le rendez-vous pour nous.  Nous devions nous rendre à la clinique le lendemain en nous assurant qu’Elliot ait faim afin que je puisse l’allaiter sur place.  Ce serait alors plus facile pour les conseillères en allaitement de vérifier ma technique et de me corriger au besoin.

Holly profita aussi de sa visite pour me demander quelques questions afin de vérifier l’état de mon moral.  Elle sembla un peu surprise lorsque je lui mentionnai que je me sentais de très bonne humeur et pleine d’énergie.  Elle me conseilla alors de prendre un comprimé de Gravol pour m’aider à dormir car mon corps avait besoin de récupérer du sommeil.  Je lui demandai ensuite combien de temps j’aurais à attendre avant que ma déchirure guérisse complètement et que je puisse à nouveau avoir des relations sexuelles.  Lorsqu’elle me dit que ça pourrait aller de quatre à six semaines, je me rappelle avoir pensé que ce serait long.  Sans le lui mentionner directement, je sentais que ma libido était  « dans le plafond » et que j’aurais de la misère à patienter autant de temps pour satisfaire mes désirs (ce qui me semblait tout de même un peu hors norme étant donné que je venais presque juste d’accoucher…).

Ma mère arriva le même jour.  J’étais contente de la voir et de déguster les bons repas qu’elle nous concocta.  J’éprouvais un délice total à manger de nouveau avec appétit, sans sentir que mon estomac était comprimé.  Et que dire des autres petits plaisirs que je pouvais à nouveau me permettre maintenant que ma grosse bedaine avait disparu : prendre un bain le ventre complètement immergé dans l’eau, boire un petit verre de vraie bière et dormir en cuillère avec mon mari.   J’étais totalement heureuse et je voulais profiter au maximum de ce grand bonheur que je ressentais.  J’étais reconnaissante envers Dieu de m’avoir accordé ces beaux cadeaux de la vie : un merveilleux mari et un bébé en santé.  Je me sentais complètement en amour avec eux.   Et j’étais tellement contente de pouvoir partager ce bonheur avec ma mère !

Ce soir-là, lorsque je me suis couchée, un sentiment d’anxiété me submergea soudainement.  Je me sentais aussi un peu étourdie.  Je mis tout de suite cela sur le compte du petit verre de bière que je m’étais permis de prendre au souper.  C’était probablement l’effet de l’alcool sur mon corps qui était de toute évidence extrêmement fatigué.  Je restai donc allongée en essayant de calmer mon esprit qui roulait à vive allure.  Je me rappelle avoir ressenti une sorte de panique à être seule dans ma chambre.  Malgré cette grande crainte, je n’en fis pas part à Gerhard et je réussis à la combattre en me répétant que je ne devais pas m’inquiéter et que le sommeil me ferait le plus grand bien. Heureusement pour moi, je m’endormis rapidement.

Le lendemain, je me levai en pleine forme pour me rendre à notre rendez-vous à la clinique d’allaitement.  On me conseilla de toujours offrir les deux seins à Elliot et de l’allaiter aux deux heures pendant les prochains vingt-quatre heures afin de l’aider à reprendre du poids.  On corrigea aussi ma position d’allaitement pour le sein gauche.  Les dames étaient très accueillantes et j’avais confiance que leurs conseils seraient utiles.  Elles voulaient me revoir le lendemain pour vérifier si Elliot reprendrait un peu de poids.

Ce fut donc un vingt-quatre heures d’allaitement plutôt intense, mais je ne me rappelle pas que ce fut pénible, ni même la nuit.  Et lorsque nous sommes retournés à la clinique pour le peser, Elliot avait déjà gagné quelques onces supplémentaires.  On me demanda donc de revenir une semaine plus tard pour s’assurer que son poids continuerait d’augmenter.

Toute la semaine que ma mère fut présente parmi nous, je me sentis dans une excellente forme.  La seule chose qui m’agaçait était la guérison de ma déchirure.  Afin d’éviter la douleur, je devais rester au lit la grande majorité du temps et éviter de monter et descendre les escaliers.  Cela me frustrait car la température à l’extérieur était superbe et j’aurais tant voulu aller prendre des marches avec Elliot.  Ma mère me talonnait de près pour s’assurer que je me repose et que je dorme en même temps qu’Elliot le jour.  Les comprimés de Gravol furent utiles à quelques reprises pour me faire dormir mais je continuais de ressentir une envie pressante de faire autre chose que de rester au lit.

Lorsque ma mère ou Gerhard n’étaient pas avec moi dans la chambre et qu’Elliot dormait, je saisissais souvent mon portable pour naviguer sur Facebook.  Je me rappelle avoir écrit de nombreux commentaires et répondu à des questions « d’amis » à qui je n’avais jamais écrit de façon personnelle auparavant.  Les idées me venaient à l’esprit si naturellement et rapidement que je me retrouvai même à composer une histoire pour enfant et un discours pour mon club de Toastmasters en plein milieu de la nuit. Dès que j’avais fini d’allaiter Elliot, j’essayais de me rendormir mais mes pensées roulaient à vive allure et je ne pouvais pas m’empêcher de mettre sur papier tout ce qui me venait à l’esprit.    La rapidité à laquelle les nombreuses rimes surgissaient dans ma tête me fascinait.  J’étais convaincue que mon histoire était géniale et que mon discours serait percutant.

Le comportement de Gerhard envers Elliot m’émerveillait.   Dès le début, il s’était senti très à l’aise de s’occuper de lui.  Il le changeait de couche, lui donnait son bain et allait même marcher avec lui aux petites heures du matin pour l’aider à se rendormir.  Il était aussi plein d’attention à mon égard.  Je me disais que ce n’était peut-être pas aussi anormal que ça après tout que ma libido soit au maximum.

Puis la semaine passée avec ma mère prit fin.  Nous allions la revoir avec tout le reste de ma famille environ un mois plus tard pendant la longue fin de semaine de l’Action de Grâce.  J’avais hâte de revoir tout le monde chez nous !

La troisième visite à la clinique d’allaitement nous confirma qu’Elliot avait bien repris son poids de naissance et qu’il continuait de grandir normalement.  On fixa alors un dernier rendez-vous une semaine plus tard pour s’assurer qu’il garderait un bon rythme de croissance.

Lorsque Holly vint faire sa quatrième visite à la maison, elle fut contente de constater que tout rentrait dans l’ordre pour Elliot.  Nous allions la revoir deux semaines plus tard, à la clinique de sages-femmes, pour un autre rendez-vous de routine post natale.

 

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