Dès que j’ouvris l’œil le lendemain matin, j’eus l’impression que  mes seins allaient exploser.  Une nuit complète sans allaiter les avait définitivement laissés bien engorgés de lait.  Ma chemise d’hôpital était détrempée au niveau de la poitrine me laissant la peau toute humide et collante.  La première chose que je m’empressai donc de faire fut de tirer mon lait.  Aussitôt cela terminé, je pris une douche qui me ravigota.  Contrairement à la soirée précédente, je me sentais beaucoup mieux.  La sensation de panique avait disparu, ce qui me soulageait vraiment.

Une fois rhabillée dans une nouvelle chemise d’hôpital, je constatai que je n’avais plus de serviette sanitaire en réserve.  Je décidai alors de presser sur le bouton d’aide afin qu’une infirmière puisse venir me voir pour que je puisse lui en faire la demande.  Mais le temps passa et aucune infirmière ne se présenta.  Je pressai alors  le bouton à nouveau.  Constatant que le délai d’attente se faisait définitivement long, je décidai donc de sortir de ma chambre pour aller directement au comptoir du poste des infirmières pour faire connaître ma demande.  Le personnel infirmier était de toute évidence bien occupé car j’avais l’impression de passer tout à fait inaperçue.  Quand je réussis enfin à attirer l’attention d’une infirmière, je lui expliquai que j’avais besoin d’une serviette sanitaire car j’avais accouché un mois auparavant et que j’avais encore des saignements.  Elle me regarda alors d’un drôle d’air.  Elle paraissait de toute évidence bien sceptique à l’authenticité de ma requête.  N’étant pas sur l’étage de la maternité, ayant déjà retrouvé le poids d’avant ma grossesse, je ne devais sans doute pas avoir l’air d’une  mère ayant accouché il y a quelques semaines.  Elle me répondit alors, sur un ton  insouciant, de retourner à ma chambre. Une infirmière viendrait me voir sous peu.  Son attitude indifférente me blessa.  J’eus la nette impression qu’on m’avait considérée comme une patiente dérangée, n’ayant pas toute sa tête.  Pour la première fois de ma vie, j’expérimentais l’étiquetage et le manque de considération dont sont malheureusement victimes plusieurs personnes souffrant de maladie mentale.

Je retournai donc à ma chambre et attendis.  Quand je compris que personne ne viendrait me voir, je pressai à nouveau  le bouton d’aide.  Une infirmière se présenta enfin.  Je lui fis donc ma demande sans donner de détails.  Elle revint quelques minutes plus tard avec ce dont j’avais besoin. Je profitai de l’occasion pour lui remettre le lait que j’avais tiré en lui expliquant où aller le déposer.  J’espérai alors qu’elle ferait passer le mot aux autres infirmières du plancher, à savoir que j’étais une nouvelle mère et que je n’étais pas comme les autres patients du département (je continuais pourtant de me demander la raison pour laquelle on m’avait donné une chambre en neurologie, parmi d’autres patients âgés qui, d’après ce que je pouvais constater, n’étaient pas de tout repos pour les infirmières).

J’avais très hâte de revoir mon fils ainsi que mon mari et ma mère.  Je n’eus pas trop à les attendre car peu de temps après que mon déjeuner fut servi, ils arrivèrent. Dès que je vis ma mère, je pus lire la tendresse et la compassion dans son regard.  Je ressentis également l’inquiétude qu’elle tentait de son mieux de dissimuler sous ses traits souriants. Après nous être embrassées avec émotion, elle déposa Elliot dans mes bras.  Dès qu’il croisa mon regard, un large sourire fit son apparition sur ses lèvres.  C’était son premier vrai sourire et j’en fus toute émue.  J’eus alors la certitude qu’il comprenait l’épreuve que je traversais et que c’était sa façon de me le faire savoir et de m’encourager.  Je fus aussi tout de suite rassurée quand Gerhard et ma mère me dirent qu’il avait facilement accepté le biberon et qu’il avait passé une très bonne nuit.  Quel soulagement ce fut pour moi!

Je racontai ensuite à Gerhard les événements de la soirée lui expliquant les crises de panique que j’avais eues.  Je fis aussi mention de la situation que j’avais vécue le matin-même pour obtenir une serviette sanitaire.

Plus la journée avançait, plus je commençai à me sentir moins bien et puis à démontrer de nouveaux symptômes dont je n’avais pas conscience. Le tout commença par une vague de panique qu’une fois de plus je n’arrivai pas à contrôler seule.  Afin de me calmer, j’ai dû demander à ma mère de se tenir près de moi et de me tenir la main le temps que la crise passe.  Je sentais la perte de contrôle dans ma tête et cette sensation m’angoissait grandement.  Je savais que c’était l’effet de la panique mais je n’arrivais pas à contrôler mes pensées qui me donnaient l’impression de tomber dans le vide.  Ma mère fut très compréhensive et patiente, serrant tendrement ma main et me regardant avec le plus de calme possible.  Puis quand la crise passa, Gerhard remarqua que je commençai à parler avec un débit très rapide et que je claquais des doigts à l’occasion sans m’en rendre compte.

C’est ainsi que lorsque le psychiatre, Dr Sayeed, se présenta à ma chambre pour me poser des questions, je ne pus m’empêcher de dire tout ce qui me passait par la tête et qui, selon moi, était d’une importance capitale pour qu’il puisse poser son diagnostic.  Je me rappelle Gerhard m’interrompre à plus d’une reprises afin d’avoir la chance de répondre lui aussi aux questions qui lui étaient posées.  Je donnais définitivement trop de détails inutiles sans toutefois m’en rendre compte.  Et chaque fois que je cherchais un mot pour exprimer plus précisément ma pensée, je claquais des doigts, toujours sans en être consciente.  Gerhard me raconta par la suite que je répétais souvent la phrase “It’s all in my head” (C’est tout dans ma tête) en signifiant ainsi que j’étais consciente que mes malaises étaient d’ordre psychologique.  Quand Gerhard demanda à Dr Sayeed la raison de ce comportement inhabituel de ma part, ce dernier lui expliqua que ces paroles que je répétais étaient pour moi une façon de gérer ma situation difficile.

Après nous avoir écoutés avec attention, Dr Sayeed demanda à Gerhard si j’avais l’habitude de parler aussi vite.  Gerhard lui répondit que non. Puis il quitta la chambre pour aller écrire ses notes sur un ordinateur au comptoir des infirmières. Quand il revint nous voir, il demanda à Gerhard et à ma mère s’il y avait des gens affectés du trouble bipolaire dans notre famille.  Ma mère lui répondit par la négative.  Je me rappelle que cette question attira mon attention, mais je l’oubliai rapidement, mon cerveau étant trop attardé à d’autres détails moins importants. Finalement, il nous dit que j’étais victime d’un trouble de l’humeur du post-partum avec des traits de psychose.  J’allais recevoir une première dose de médicament le soir même afin de traiter mes symptômes.  Il allait ensuite assurer un suivi dans les jours suivants.  Un diagnostic plus précis serait donné prochainement d’après mon état.

Gerhard, ma mère et moi furent bien soulagés d’apprendre que je serais enfin traitée pour mes malaises.  De plus, Dr Sayeed nous avait donné une très bonne impression.  Il était très attentif et démontrait beaucoup de professionnalisme dans ses interventions.  Nous fûmes reconnaissants envers la travailleuse sociale d’avoir contacté ce psychiatre afin qu’il puisse me rencontrer.

Comme l’heure du souper approchait, ma mère et Gerhard se préparèrent à retourner à la maison avec Elliot.  J’avais une fois de plus le cœur gros de laisser partir mon fils pour la nuit, mais je savais que ma mère en prenait grand soin et qu’il réagissait bien au biberon.  En quittant ma chambre, Gerhard me dit qu’il reviendrait me voir en soirée.  Cela me rassura car je n’aimais pas trop l’idée de rester seule dans ma chambre, surtout si je sentais encore la panique monter.

Et c’est malheureusement bel et bien ce qui se passa… Peu de temps après avoir soupé, la panique refit surface.  En essayant autant que possible de me contrôler seule, j’eus l’idée de me mettre à écrire pour me calmer.  Je me suis alors dit que ce pourrait être très utile d’écrire tout ce qui me passait par la tête, sans aucune censure.  J’étais alors convaincue que ce document écrit pourrait certainement aider Gerhard et Dr Sayeed à comprendre davantage mon état.

Je saisis les quelques feuilles et le crayon que ma mère avait laissés sur ma table de chevet et je me mis frénétiquement à écrire le flot de mes pensées en attendant l’arrivée de mon mari.  Je réalisai que l’écriture me permettait de me calmer puisque mon attention était centrée sur ce que j’écrivais et mon désir de faire comprendre l’état dans laquelle je me trouvais.  Je me sentais en mission.  J’étais fixée sur l’idée que mon document serait un outil incomparable pour le Dr Sayeed et pour d’autres femmes qui vivraient une situation semblable à la mienne.

Voici donc l’intégralité du document que j’ai rédigé.  Puisqu’il a été écrit en anglais afin que mon mari et Dr Sayeed puissent le comprendre, je vous le traduis ici en français.  Certaines parties seront probablement difficiles à suivre étant données la panique, le peu de concentration et l’état de manie qui m’affectaient. J’avais aussi perdu un peu la notion du temps.  Je pensais être arrivée à l’hôpital la veille quand en fait, cela faisait déjà deux jours. Toutefois, cela vous donnera une bonne idée de ce qui se passait dans ma tête…

 

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Page couverture

Pour mon mari.  Garder sur mon lit s.v.p. Lis ceci s.v.p. Gerhard (mon mari). Continue de lire jusqu’à ce que tu aies lu au complet, à moins qu’il y ait une urgence.  S.v.p., prends le temps de lire ceci.  C’est très important pour moi.

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J’ai un trouble du post-partum avec des traits de psychose.  Ça fait chier! Mais j’arrive à comprendre cela et à l’accepter pour l’instant.  Je ne sais pas pour le futur toutefois, même avec de la médication… Avec l’aide de Gerhard, (je l’aime tellement!), je suis capable de reconnaître ma maladie (J’aimerais vouloir dire « stupide, inutile, folle, épeurante, malheureuse » maladie).  Il (Gerhard) est tellement un ange envers moi!!! (mais pas ma maladie!!!).  J’attends de recevoir ma médication pour la première fois ce soir.  Je suis arrivée à l’hôpital hier après-midi, après deux semaines « merveilleuses » après l’accouchement (hyperactivité au top) suivies de deux autres semaines d’enfer! J’expérimentais (et je pense que j’expérimente toujours) des choses folles qui sont toutes dans ma tête.  Rien n’est vraiment réel : être sur le bord de perdre connaissance, pas capable de parler pendant 15 minutes à Gerhard pour lui expliquer ce que la sage-femme m’a dit lorsque je lui ai parlé.  Tellement épeurant!!! Me sentir si faible, de plus en plus à chaque jour, sentir la douleur dans ma jambe comme si c’était un caillot de sang, avoir de gros maux de tête qui me gardaient éveillée la nuit (même après avoir pris deux Advil 500 mg chacune?), avoir une extrême difficulté à me tenir debout pendant deux minutes, même pour tenir Elliot (que j’aime et qui me manque tellement!) C’est FOU!!! Peux-tu imaginer ça? Je n’ai jamais, jamais, jamais pensé faire du mal à Elliot! Cela serait tellement une honte pour moi, une chose extrêmement difficile à « avaler » avant, maintenant et dans le futur.  Comment une mère peut faire une telle chose à son propre bébé???

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Je comprends maintenant que c’est hormonal.  Mais quand même… Gerhard et moi sommes arrivés à l’urgence hier après-midi.  Nous avions vu Holly (une de nos sages-femmes). J’ai chaud maintenant et je me sens près de paniquer.   J’essaie de me contrôler seule.  Je ne sais pas si je suis capable… c’est tellement difficile! Je veux juste peser sur le bouton pour avoir de l’aide.  Maintenant, je me sens mieux, mais pour combien de temps encore ??? Une seconde à la fois.  Je suis contente que je puisse écrire.  J’entends une infirmière tout proche.  Non, pas celle que j’attends.  Ouf… Cela semble disparaître.  Je suis tellement soulagée!!! Je crois que je peux continuer à écrire. Ça me permet de garder le focus.  Je sais que j’écris très vite, mais je ne suis pas en train de claquer des doigts, Gerhard, j’en suis certaine.  Je sens que je peux ralentir maintenant.  Je n’ai pas besoin de me presser.  Si je me dépêche d’écrire, c’est parce que je veux écrire autant que je peux pour que ceux qui expérimentent la même chose que moi puissent comprendre. Je suis contente de pouvoir être plus calme et de pouvoir continuer d’écrire.  J’écris tout ce qui se passe dans ma tête maintenant. Je ne fais aucune sélection.  J’espère tellement ne pas être folle en ce moment. Je me demande presque tout le temps si je suis moi-même (même en ce moment). 

Page 3

J’ai hâte de voir Gerhard et qu’il lise ceci. J’espère qu’il comprendra.  Je sais (je suis en train de pleurer) qu’il m’aime beaucoup beaucoup beaucoup beaucoup.  Mais je peux aussi constater       que c’est difficile pour lui de me voir ainsi… Je souhaiterais le tenir dans mes bras, l’embrasser et lui faire l’amour (ça, c’est entre lui et moi… Je sais, je suis une femme en chaleur.  Ha! Ha! Ha!).  Ça ne me dérange pas que d’autres personnes lisent ceci.  Enfin… (je pense maintenant que j’ai toute ma tête).   Qu’est-ce que j’étais en train de dire? Euh. Euh.  Je vais arrêter d’écrire pour un moment pour y penser ou relire ce que j’ai écrit pour essayer de m’en rappeler.  En passant, j’espère que je n’oublierai pas de lui donner ces papiers.  C’est tellement important qu’il lise ceci.  Je vais écrire très gros sur une feuille que je veux qu’il lise ceci.  Je… (une minute plus tard) l’ai écrit sur une feuille.  C’est au bout de mon lit.  J’ai besoin de le dire à l’infirmière (en passant, il est 6h25 pm) que j’ai besoin de plus de papier.  Je viens juste de réaliser que je peux écrire plus petit pour avoir plus d’espace.  Wow, je suis contente de m’être rendue compte de cela… J’ai arrêté. 

Page 4

Ouf… J’ai presque perdu le fil de mes pensées.  J’ai besoin de me concentrer très fort (vraiment parfois).  J’espère que mon crayon restera aiguisé assez longtemps… J’ai écrit une note pour dire que je ne veux pas que ce papier soit mis à la poubelle.  J’ai écrit : « Pour mon mari.  Ne pas mettre de côté.  Garder sur mon lit s.v.p. ». J’ai écrit cela quelques minutes après (oups, je dois me rappeler d’écrire en anglais).  J’ai écrit cela quelques minutes après que j’ai écrit (Lis ceci s.v.p. Gerhard mon mari).  Je viens de sentir une mini attaque de panique arriver.  Je suis contente que ce soit déjà parti (ça arrive encore, maintenant c’est parti…Gosh!!!) Je me relis pour me rappeler ce que j’ai écrit.  Je me relis et je ne peux pas me rappeler où j’en étais rendue ni ce que j’étais en train d’écrire.  Je crois que j’essaie tellement fort de rester en contact avec la réalité.  Maintenant je me sens mieux. Euh… pas certaine… Je dois me rappeler d’aiguiser ce crayon.  J’ai besoin de le demander à l’infirmière (Je j’ai l’impression que je perds mes idées.  Je sais que je dois écrire en anglais).  Je disais que j’ai besoin de dire à l’infirmière que je dois aiguiser mon crayon.  J’espère qu’elle me croira… J’imagine que oui puisque je suis en train d’écrire et que je serai toujours en train d’écrire (j’espère) lorsqu’elle arrivera.  Je viens juste de demander à la dame qui a ramassé mon assiette de demander à l’infirmière de me trouver un crayon aiguisé.  Elle m’a répondu que je dois demander à l’infirmière (peser sur le bouton).  C’est certain!  Évidemment! Pourquoi suis-je si préoccupée par l’idée d’avoir un crayon? Parce que je veux continuer d’écrire ceci.  J’espère, je viens juste d’écrire quelque chose de plus à Gerhard (6h40) parce que je veux tellement qu’il lise ceci.  Wow!  J’écris tellement vite! Je crois que je peux ralentir (Je viens juste de réaliser que je peux appeler l’infirmière pour avoir un crayon). 

Page 5

Je vais le faire maintenant.  J’espère que je n’oublierai pas.  UN CRAYON S.V.P. UN CRAYON AIGUISÉ.  JE VEUX CONTINUER D’ÉCRIRE.  C’EST POUR MON MARI QUI SERA ICI BIENTÔT (je l’espère)  Il m’a dit VERS 7h00.  J’espère que c’est suffisamment clair.  Je vais changer de feuille pour qu’il puisse voir celle-ci.  NE PAS JETER CE PAPIER S.V.P.  LIRE PLUS HAUT.  MERCI. Continue de lire.  

Page 6

7h30 l’infirmière est Raquel.  Elle est tellement gentille! Ok!  J’ai passé probablement (7h00) 10 min?  PLUS DE PAPIER S.V.P.  Continue de lire.

Page 7

7h00 pm.  Je suis contente d’avoir obtenu plus de papier. J’ai pu me rappeler de le demander à l’infirmière.  Je réalise… Ok, je veux expliquer ce que l’infirmière (RACQUEL) a fait pour moi.  Elle (j’espère que je vais me rappeler de continuer après).  Elle est arrivée avant que je l’appelle (je pense).  Gerhard.  Continue de lire s.v.p. J’ai (7h05) écrit quelque chose pour toi sur la feuille (continue de lire).  J’espère que tu arriveras bientôt.  Je veux garder ces feuilles S.V.P. pour me rappeler ce que j’ai vécu.  Merci. J’espère que tu comprends.  J’ai très hâte de te voir mais je comprends que tu as besoin de te reposer.  J’espère que ma mère… te réveillera pour que tu puisses venir me voir bientôt.  Mais je comprends que tu as besoin de sommeil (même s’il y a des chances que je l’oublie)… Je sais… Enfin… l’infirmière m’a parlé et a pris le temps pour le faire.  Tellement gentil de sa part.  Elle… Je lui ai d’abord montré la feuille (Lis ceci s.v.p. Non.  Voir la page 5).  J’espère, oui tu peux comprendre.  Tu es plus brillant que moi! Joke! Enfin… Ok.  L’infirmière m’a dit, après avoir lu la feuille (tellement contente d’avoir pensé d’utiliser cela) J’espère que ce n’est pas trop long ce que j’écris… Continue de lire s.v.p. 7h12.  Bon OK. (7.) J’ai tellement hâte d’avoir ma médication!!!! Même si je pense que je peux m’en tirer assez bien par moi-même.  Mais je doute de moi tout le temps… L’infirmière m’a rassurée (a essayé) (Je la crois, même si c’est difficile) en disant que je suis forte (j’écris ce que je peux me souvenir de ce qu’elle a dit).  Je vais écrire… Je l’ai crue et je la crois encore je pense.

Page 8

Elle croit (je crois) que je guérirai (je pleure maintenant…) Yikes… c’est tellement difficile de… Je veux pleurer et prendre le temps de CONTINUE DE LIRE S.V.P. Cela va m’aider… Je me calme.  J’espère tellement que des gens vont lire ceci pour comprendre ce que ça a l’air d’expérimenter ce que je vis maintenant.  C’est la raison pour laquelle j’écris si vite… Je veux que les femmes qui vivent la même chose que moi lisent ceci.  Dis-le à Holly et aux autres sages-femmes également.  Je crois en toi.  Que tu le feras.  Holly m’a dit que c’est une bonne (excellente) idée d’écrire un journal.  J’espère vraiment que ce document sera utile.  Je sais que je me répète.  Mais c’est important TRÈS important pour moi.  Peut-être que le psychiatre peut voir ceci.  Je veux qu’il voie ceci.  Ça l’aidera à me comprendre, j’en suis sûre.  S.V.P. MONTRE-LUI.  Maintenant je sais que tu le feras. Il est 7… 20.  Bien.  Je peux… lire l’heure… Je suis tenté de me répéter une fois de plus… mais je sais que je n’ai pas besoin de le faire.  Tu… OK. Je pourrais arrêter d’écrire maintenant (je vais très vite je ne) 7h21  J’ai écrit l’heure d’une traite! OK, c’est difficile de m’arrêter.  Je sais que je pourrais arrêter et ce serait probablement mieux (j’espère que je suis

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J’écris les chiffres.  Pour m’assurer que je et que tu ne perdes pas le fil, comme si cela pouvait t’arriver! Ha! Ha! Je suis contente que j’aie encore un sens de l’humour.  Est-ce que… oui je te l’ai… dit. Bien.  Est-ce que tu comprends pourquoi j’écris ceci? J’imagine que tu es tellement un homme compréhensif (J’essaie…) Je voulais dire un homme extraordinaire mais j’ai pensé que tu penserais que j’exagère… Non je n’exagère pas.  C’est ce que je pense.  J’espère que je continuerai de le croire. Toujours.  J’aimerais expliquer davantage mon état, il y a tellement de choses à dire!!! J’ai tellement hâte de te voir.  J’arrive à attendre.  J’aimerais téléphoner.  Je.  Je m’arrête d’écrire pour téléphoner (2…2………..2……8)  Je pense.  Tellement fort.

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7h3…3       7h33

Je viens juste d’appeler ma mère.  Pour savoir quand Gerhard sera ici.  (J’espère que Gerhard va lire ces feuilles).  J’en ai parlé à maman.  Je suis tellement contente d’avoir pensé d’écrire ceci en anglais.  Je traduirai plus tard pour l’expliquer à ma famille.  J’en serai capable.  Cibole!!! Oups… Je dois continuer (Gerhard sera ici dans à peu près 15 minutes.  Cool. Je serai suis capable d’attendre je crois, je… continue d’écrire.  Pourquoi je continue de dire que je veux que les gens se rappellent de continuer de lire ceci?  J’imagine que je serai très contente d’avoir écrit ceci.  Mais… est-ce que ça sera utile??? J’ose espérer que oui. S.v.p. Je veux… Ok, je me répète.  Je continue d’écrire… J’imagine que vous? (Gerhard et le psychiatre) avez assez d’info maintenant.  S.v.p. je veux que le psychiatre (est-ce que je l’ai bien écrit?) lise ceci.  Je suis sûre (presque) que ça me viendra en aide.  Je sais que je peux arrêter d’écrire (j’imagine que je peux finir de manger, mais je ne veux pas).  Vous avez certainement assez d’info maintenant (avec tout ce que j’ai déjà dit) pour poser un diagnostic.  (Je me sens en paix maintenant.  Merci pour votre aide.  Vous êtes un ange (pas un vrai ange je sais.  J’imagine (je ris) que je suis

Page ? suite (continue)

Pourquoi est-ce que… Je pense que j’ai suis en contact avec la réalité maintenant… peut-être pas.  Enfin, je viens juste de parler d’un ange.  J’aime faire des blagues.  Je sais que tu n’es certainement pas (en train de rire)!!! Ha! Ha! un vrai ange.  Yikes… c’est fou… Je pense que je suis presque moi-même maintenant.  Je sais, j’imagine que je ne suis pas,… mais j’aime, cela me permet d’être paisible de penser que je suis en contact avec la réalité maintenant (j’espère vraiment que ce document sera utile).  Je me répète encore une fois… Mais  Il est 7h45.  Je pense (sans regarder l’heure que j’ai écrit avant) que Gerhard sera ici dans 5 minutes.  Laisse-moi vérifier ce que j’ai écrit… C’est difficile… mais je veux trouver l’heure que j’ai écrit.  Ok. 7h33 est l’heure à laquelle j’ai téléphoné à ma mère. Maintenant, il est… 7h45… Je suis certaine que je suis correcte… Quand Gerhard sera ici, j’arrêterai d’écrire (Je suis certaine… enfin… oui je suis sûre que tu lis ceci.

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J’ai arrêté d’écrire aussitôt que Gerhard est arrivé à ma chambre.  Je l’ai pressé de lire mon document tout de suite, ce qu’il a fait, en entier.  Je suis restée assise dans mon lit à le regarder pendant tout le temps de sa lecture.  Je ne me souviens pas de ce qu’il m’a dit par la suite.  Lui-même ne s’en rappelle pas.  Mais je me souviens que j’étais soulagée qu’il ait pris le temps de tout lire avec attention.  Je me suis enfin assurée de garder le document dans un endroit sûr pour pouvoir le faire lire par Dr Sayeed lors de sa prochaine visite.

Puis l’heure du coucher arriva.  Je pris le temps d’extraire mon lait que je remis à Gerhard.  Une infirmière vint ensuite me donner ma médication pour la première fois.  Gerhard me quitta pour la nuit en me disant qu’il serait de retour le lendemain matin.  Je me sentais plus calme et je savais que je dormirais bien.

 

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