Mon paquet de bonheurs

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11 sept

Ma fille Teresa a déjà  trois mois.  Trois mois depuis que ce magnifique cadeau de 8 livres et 3 onces est entré dans ma vie m’apportant un lot de petites et de grandes joies au quotidien.  Je ne saurais comment l’expliquer clairement mais depuis sa naissance, j’ai l’impression de renaître, comme si les douleurs de mon accouchement naturel m’avaient  transformée en une meilleure version de moi-même : je suis tout simplement plus heureuse et je me sens plus épanouie (et ce ne sont pas les symptômes d’un épisode de manie).

11 sept family

À sa naissance, Teresa m’a apporté un précieux paquet de bonheurs qui continue de grandir au quotidien :

–          un accouchement naturel, facile et rapide

–          une merveilleuse fille (j’aurais aussi été contente avec un garçon mais je souhaitais grandement avoir une fille)

–          un équilibre mental au-delà de mes espérances (aucun trouble de l’humeur du post-partum n’est présent jusqu’à maintenant mis à part un    peu d’anxiété quelques jours après l’accouchement)

–          un mari qui est un bon papa pour ses deux enfants

–          Elliot qui aime et apprécie sa petite sœur

–          les nombreux sourires de Teresa

–          son regard enchanté lorsqu’elle se réveille à mes côtés le matin

–          son sommeil paisible quand elle s’endort dans mes bras

–          ses exclamations de joie quand elle prend son bain

–          ses jasettes après avoir bu au sein

–          et j’en passe!

Teresa and me

Certes j’ai une panoplie de raisons d’être heureuse mais j’en suis arrivé à croire que l’exercice de gratitude que je pratique maintenant au quotidien doit aussi en être pour quelque chose.  Chaque fois que je ressens de la joie que ce soit par les rires de Teresa,  les embrassades d’Elliot, les attentions spéciales de mon mari, je fais une pause dans ma tête pour apprécier totalement le moment présent.   Je remercie Dieu de m’accorder cet élément particulier de bonheur.    C’est d’ailleurs le meilleur antidote pour détruire l’emprise des idées de catastrophes qui pourraient arriver et qui surgissent dans ma tête quand je ressens momentanément une grande joie.  Mon bonheur n’a pas  à être détruit par celles-ci.  Et quand vient le temps du souper, j’ai toujours quelque chose de particulier à nommer pour notre rituel de gratitude qui se déroule avant de manger.

21 déc

L’équilibre mental que je vis présentement me permet d’apprécier au maximum ce paquet de bonheurs et j’en suis tellement reconnaissante!

20 déc

 

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Et si nos enfants…

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La vie nous joue parfois bien des tours.  Elle a le don de nous surprendre au détour de la route pour changer nos plans, modifier nos perceptions, nous faire grandir.  Depuis 10 ans, j’ai eu mon lot de « surprises » de la vie : divorce, remariage, déménagement en Ontario, poste de conseillère pédagogique, première grossesse, diagnostic de trouble bipolaire.  Tous ces événements, porteurs de profondes émotions ont eu un impact majeur dans mon existence.  Je ne suis plus la même Geneviève d’il y a 10 ans.  J’ai changé pour le mieux même si je dois vivre le reste de mes jours avec une maladie mentale.

Mais la vie avait encore quelque chose en réserve pour moi.  Il y a un peu plus de deux ans, mon mari a aussi reçu le diagnostic de trouble bipolaire suite à des variations de son humeur et à un épisode de dépression.   Cette maladie mentale étant présente dans sa famille, ce ne fut pas tant une révélation choc dans son cas.  Mais l’impact du diagnostic ne fut pas pour autant négligeable.   La phase d’acceptation pour lui fut plus longue que la mienne.  La stigmatisation rattachée à la maladie mentale l’a davantage affecté.  Aujourd’hui, il ne s’en cache plus et tout comme moi, il a à cœur de partager son histoire pour faire disparaître les tabous.

Qui aurait cru, le jour de notre mariage, que le même diagnostic nous attendait, mon mari et moi?

Mais alors que dire des risques que nos enfants reçoivent le même diagnostic?  Leur bagage génétique est évidemment prédisposé au trouble bipolaire.  N’est-ce pas un peu égoïste, voire irresponsable, de vouloir mettre au monde un enfant qui a des chances de souffrir d’une maladie mentale pour le reste de ses jours?

Notre décision d’avoir un deuxième enfant n’a pas été prise à la légère et c’est en toute connaissance de cause que suite au diagnostic de mon mari nous avons quand même fait le choix d’agrandir notre famille.  Va-t-on éviter d’avoir un enfant parce qu’on est diabétique, qu’on est prédisposé à des troubles cardiaques ou à certains cancers?  Je ne crois pas.  Le trouble bipolaire, ce n’est pas différent : ça se soigne, comme bien  d’autres maladies physiques  que l’on peut retrouver dans un bagage génétique.  En fait, qui d’autres que nous, les parents de nos enfants, sont les mieux placés pour les éduquer par rapport à cette maladie mentale et les épauler s’ils en recevaient le diagnostic?

Dans les bons comme dans les mauvais jours, dans la santé comme dans la maladie… on continue courageusement notre histoire d’amour.  Et cette histoire passionnante inclut des enfants.  Nos enfants.

 

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La dépression: cette maudite menteuse

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Dépression

http://www.143.ch/Fotos/Fotos-GespraechsThemen/Depression

Je dois avouer que le suicide de Robin Williams m’a affectée plus que je ne l’aurais imaginé.   À vrai dire, ça m’a bouleversée.   Quand nous, qui vivons avec une maladie mentale, découvrons qu’un de nos semblables a été emporté par sa maladie, nous ressentons de la tristesse, mais ce que nous pouvons ressentir le plus, c’est la peur.  Après avoir lu la nouvelle sur Facebook et quelques commentaires qui s’y rapportaient, dont certains m’ont carrément déplu (du genre : « Ça prouve une fois de plus que l’argent et la célébrité ne font pas le bonheur »), j’ai eu le réflexe de chercher un article au sujet de Robin Williams qui confirmait qu’il souffrait d’un trouble bipolaire.  J’ai rapidement trouvé ce que je cherchais.  Je ne m’étais pas trompée : sa maladie mentale, voire son épisode de dépression,  a eu raison de lui.

Et c’est là que je me suis revue dans le bureau de mon psychiatre, il y a presque cinq ans.  Les larmes aux yeux,  l’âme déconfite suite à la pleine compréhension de mon diagnostic, j’écoutais ce dernier tentant de me réconforter.  « Plusieurs gens célèbres et accomplis réussissent très bien leur vie malgré leur trouble bipolaire », m’a -t-il dit.  Je voulais désespérément le croire.  Mais mon cerveau nouvellement médicamenté, encore embrouillé de fragments de manie et de psychose, avait pour le moment bien de la peine à concevoir  un retour à ma vie normale.  Je voulais avant tout retrouver la Geneviève que j’étais, celle que j’avais perdue pendant plus d’un mois de déséquilibre mental.  De retour chez moi, j’ai quand même pris mon ordinateur pour faire mes recherches.  Qui étaient ces personnes célèbres qui tout comme moi souffraient d’un trouble bipolaire?  J’en ai trouvé plusieurs mais je me souviens très bien que celui qui a le plus retenu mon attention était Robin Williams.  J’admirais beaucoup cet acteur et mon admiration pour lui n’a fait qu’augmenter quand j’ai appris qu’il menait un combat semblable au mien.  Il y avait donc de l’espoir.  Je m’y suis accroché.

Et voilà que mon espérance fut soudainement secouée dès l’instant où j’ai appris son suicide…  Les horribles mensonges que la dépression réussit si bien à nous faire croire sont parvenus à le convaincre de mettre un terme à sa vie.  « La vie ne vaut plus la peine d’être vécue, je suis un fardeau pour mon entourage, je serais mieux mort, je ne retrouverai plus jamais la joie de vivre, il n’y a plus d’espoir… », tels sont les mensonges qui rongent le cerveau des victimes de la dépression et qui peuvent malheureusement les conduire vers une fin tragique.    Lorsqu’on est atteint de profonde dépression, le cerveau peut ne plus être maître de ses pensées et les actions qui en découlent peuvent être fatales.  J’ai alors de la misère à croire que le suicide est un véritable choix personnel dans de telles circonstances…

Est-ce que je comprends totalement les raisons qui ont poussé Robin Williams au suicide?  Non.  En toute honnêteté, je n’ai jamais eu de pensées suicidaires lorsque j’ai traversé mon épisode de dépression quelques mois après mon hospitalisation.  J’ai heureusement été soignée rapidement et la médication fut efficace.   Mais la dépression m’a quand même fait croire pendant quelques temps que ma vie était moche, bien loin d’être plaisante, et que mon nouveau rôle de mère était tout simplement un fardeau et que je n’étais pas à la hauteur.   J’étais anxieuse, préoccupée et épuisée.   J’aurais certainement pu descendre plus creux si je n’avais pas reçu les soins nécessaires et le soutien de mon entourage.  J’aurais pu croire d’autres  mensonges bien plus lourds de conséquences…

C’est cela qui m’a bouleversée.  Cette pensée d’être un jour arnaquée par mon propre cerveau sous l’emprise de la dépression.  D’être hantée par des pensées suicidaires et de passer à l’action, comme l’a fait Robin Williams.  Qu’est-ce qui me garantit à 100% que ce n’est pas le même sort qui m’attend un de ces jours?

Mais soyez rassurés, je me sens beaucoup mieux maintenant.  La lecture de plusieurs textes rédigés par mes semblables sur les réseaux sociaux et les discussions avec mon mari m’ont encouragée.   Voici d’ailleurs un extrait d’un billet rédigé par Glennon Doyle Melton (http://momastery.com/blog/) et qui décrit bien la réponse que l’on doit donner à cette maudite menteuse qu’est la dépression :

Here is the truth we yell back at the monster: LIAR!!! THERE IS HOPE. IT WILL GET BETTER. IT IS NOT PITCH BLACK NOW. THERE IS LIGHT AND THAT LIGHT IS THE KNOWLEDGE THAT IF I WAIT WELL, YOU WILL TIRE AND MOVE ON. I CAN WAIT YOU OUT BECAUSE YOU ARE SCARIER BUT I AM STRONGER. Not dying is sometimes just a matter of waiting the monster out.”

Enfin, pour mieux comprendre ce qu’est la dépression et pour avoir des conseils sur la façon d’aider un proche qui en souffre, je vous invite à visionner cette courte vidéo qui décrit merveilleusement le tout (malheureusement, seulement en anglais) :

http://www.upworthy.com/in-response-to-robin-williams-death-the-most-powerful-description-of-depression-ive-ever-heard?g=2&c=upw1

Il y a encore de l’espoir.

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Quand la peur surgit

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Samedi dernier, mon mari et moi sommes allés visiter le département des naissances à l’hôpital où j’accoucherai.  Comme ce n’est pas le même hôpital où s’est déroulé mon premier accouchement, je tenais grandement à visiter les lieux afin de me faire une idée de l’environnement où j’accoucherai en compagnie de mon équipe de sages-femmes.

Mon mari a bien apprécié la visite remarquant entre autres que les chambres sont plus accueillantes que celle dans laquelle j’ai donné naissance à notre fils.  J’ai moi-même remarqué la présence d’un divan et d’un fauteuil qui seront certainement plus confortables que le seul fauteuil, raide, sur lequel mon mari avait eu bien du mal à somnoler pendant un moment plus tranquille de mon accouchement.

Or, bien que je crois que ce département des naissances semble bien organisé, j’ai eu bien du mal à apprécier la visite.  Sans que je m’y en attende, j’ai passé la majeure partie du temps à refouler des larmes qui auraient sûrement jailli si ça n’avait pas été de la présence d’autres couples qui participaient à la même visite.

Les yeux embués, j’inspectais les lieux en m’y sentant à la fois bien étrangère mais aussi trop familière. Le lit d’hôpital, l’équipement médical, la station des infirmières, les écrans de monitorage, la vague impression d’être détachée de la réalité…  Les lieux et l’atmosphère du moment étaient bien différents mais ils me rappelaient trop bien mon expérience laborieuse d’accouchement et mon hospitalisation un mois plus tard.  De pénibles souvenirs entremêlés surgissaient par flash sans crier gare : la douleur extrême des contractions, les crises de panique, la poussée interminable, les délires psychotiques, l’évanouissement, le sentiment d’impuissance, etc.  Je fus presque soulagée lorsque la visite prit fin.

J’ai passé le reste de la journée à refouler les émotions que je n’arrivais pas vraiment à m’expliquer.  Je n’osais  pas en parler avec mon mari ne sachant comment lui expliquer ce que je ressentais.   J’avais pourtant hâte à cette visite alors pourquoi cette sensation de grisaille me prenait-elle d’assaut? Je pensais pourtant avoir fait la paix avec mes souvenirs hospitaliers douloureux.

À l’heure du coucher, j’ai finalement partagé mon malaise avec lui.  À travers mes larmes et les questions qu’il me posait, j’ai réalisé la source de mon malaise : la peur.   Peur de quoi?  Peur des contractions et de l’accouchement, peur d’un autre épisode de psychose, peur de perdre le contrôle et le contact avec la réalité, peur des réactions subtiles de mon propre cerveau, peur de l’inconnu.  Depuis le début de ma grossesse et même avant, j’ai choisi de mettre le focus sur l’espoir envisageant ainsi une expérience positive d’accouchement et de post-partum.  Sans nier le fait que certains risques de complications et de rechute soient présents, j’ai misé jusqu’à maintenant sur l’expertise de mes sages-femmes, de mon psychiatre et de mon mari pour me rassurer.  J’ai laissé peu de place à l’expression de mes inquiétudes en choisissant de me montrer forte et optimiste.   Mais ce soir-là, j’ai réalisé que j’avais beaucoup plus peur que je n’osais me l’avouer.   Le  fait de pourvoir en parler ouvertement à mon mari m’a fait du bien et m’a permis de commencer à entrevoir l’environnement hospitalier d’un meilleur œil.

Avant de m’endormir,  je suis tombée sur un blogue parlant justement de la peur.  L’auteure affirmait qu’elle arrivait maintenant à mieux contrôler ses craintes reliées aux événements futurs en se concentrant sur le moment présent.  Un jour à la fois, un moment à la fois.   Ce conseil est arrivé à point et m’a fait du bien.  Oui, je ressens encore des inquiétudes et je ne les renie pas mais j’essaie maintenant d’amasser davantage de bons souvenirs des instants présents que d’accumuler des peurs sur un avenir que je ne peux de toute façon pas manipuler à ma guise.

 

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Garder espoir

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15 juin 2014_27 sem2

31e semaine de grossesse.  Un grand changement depuis le dernier billet que j’ai écrit au mois de décembre.  Après plus d’un an d’essais et un suivi de quelques mois à la clinique de fertilité, une nouvelle vie s’est installée en moi.   Nous attendons donc la venue de notre deuxième enfant dans deux mois, aux alentours du 12 septembre.

De toute évidence, nous le désirons, cet enfant, tout comme Elliot qui demande depuis déjà bien longtemps une petite sœur (on verra bien; ce sera une surprise à la naissance).  Mais nous sommes bien conscients également des risques assez élevés (jusqu’à 50%) d’une rechute au niveau de ma santé mentale après la naissance de notre bébé, que ce soit dû à une psychose du post-partum ou à un épisode bipolaire (manie ou dépression).  Ce qui nous rassure, c’est que nous connaissons maintenant très bien les symptômes de ces troubles et que mon psychiatre suivra ma condition de près, ajustant ma dose de médicament au besoin. Nous avons aussi un plan de soutien pour les semaines suivant mon accouchement pour nous assurer que je me repose suffisamment évitant ainsi le manque de sommeil marqué qui pourrait occasionner un épisode de manie.

Dans l’ensemble, j’ai espoir que tout se passera bien mais je ressens quand même parfois des inquiétudes à ce sujet.  Normal, j’imagine, puisque je ne veux certainement pas revivre les affreux moments que j’ai traversés après la naissance d’Elliot.  J’essaie donc de me concentrer sur une expérience future positive plutôt que de m’attarder à de pénibles souvenirs. Vaut mieux garder espoir.

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Un cadeau de la vie

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En ce temps des Fêtes où les cadeaux, la bonne bouffe et le bon temps en famille abondent, je ne peux m’empêcher d’être reconnaissante pour les bienfaits que Dieu m’apporte.    Le rythme de ma vie qui ralentit accentue les moments précieux, sources de gratitude, que je savoure à petites et à grandes doses bienfaisantes.  Chaque jour me surprend par ses surprises de bonheur : le soleil qui brille dans les branches glacées, des repas savoureux en famille, la glissade avec les enfants, les douces mélodies de Noël, la gaieté d’Elliot, le support de mon mari et j’en passe.

Or, depuis quelques années, ma vie n’est plus ce qu’elle était.  Vivre avec un trouble bipolaire a un impact sur mon quotidien que je ne pouvais m’imaginer auparavant.  Mon équilibre mental repose sur une hygiène de vie que je dois respecter même lorsqu’il serait si facile de la mettre de côté, surtout en ce temps de festivités : heures de sommeil régulières et abondantes, exercices physiques fréquents, caféine réduite et alcool modéré.  Un relâchement résulte inévitablement en un débalancement de mon humeur ou à une hausse d’anxiété et de stress.

Plusieurs pourraient penser que je me passerais bien de mon trouble bipolaire et que ma vie ne s’en porterait que mieux sans lui.  Hors, ils ont tort.  En ayant choisi d’accepter ma condition, je réalise qu’elle est en fait un cadeau de la vie.  Ma vie n’est plus ce qu’elle était ; elle est mieux.  Passer du « Pourquoi moi? » à « Et pourquoi pas moi? » donne un nouveau sens à ma destinée.  Vivre avec une maladie mentale m’a rendue plus sensible, compréhensive et attentive à la réalité que vivent plusieurs personnes dont la santé mentale est affectée, que ce soit temporairement ou pour le reste de leur vie.  À travers les médias sociaux, j’ai découvert une communauté remarquable de femmes qui comme moi, ont décidé de partager leur expérience de la maladie mentale et qui refuse de se laisser abattre par celle-ci.   Ensemble, nous joignons nos efforts pour combattre les préjugés et soutenir ceux qui luttent pour retrouver leur équilibre.

Mais, par-dessus tout, j’ai appris à mieux prendre soin de moi.  En étant plus généreuse et gracieuse envers moi-même, je réalise que je le suis alors davantage envers mon entourage.  En acceptant mieux qui je suis, avec mes défis que je me permets de partager, je me sens surtout plus authentique.  Certes, ma maladie m’a rendue plus vulnérable, mais aussi plus forte face à l’adversité et plus à l’affût des bienfaits de la vie.  Ça, c’est un cadeau inestimable.

Quelle épreuve/situation difficile de votre vie considérez-vous maintenant comme une expérience qui a du positif ou comme un cadeau de la vie?  Sentez-vous libres de répondre dans la section des commentaires. Ça me fait toujours plaisir de vous lire!

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Quand Dieu ne suffit pas

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Dernièrement, j’ai lu sur Facebook un énoncé qui disait : « Depression… God is the answer! »  Cela m’a  troublée.    Encore une fois, j’ai fait face à l’incompréhension rattachée à la maladie mentale.   C’est plus fort que moi : quand je lis ou entends des commentaires de la sorte, j’ai le goût de me mettre à prêcher partout l’importance de bien s’informer avant de répandre des idées de la sorte! Comprenez-moi bien. Je suis croyante et je ne suis pas en train de dire que Dieu ne peut aider quelqu’un qui vit les affres de la dépression.  J’ai moi-même senti bien des fois la main de Dieu dans mes pires moments de souffrances psychologiques.  Or, Dieu ne peut pas être la seule solution envisagée pour quelqu’un qui souffre d’une maladie mentale telle que la dépression. Même le plus fervent des chrétiens ne peut contrôler les débalancements chimiques de son propre cerveau.

 

Pourquoi considérer la dépression comme une condition guérissable par la seule intervention de Dieu? Que dire du diabète? Du cancer?  De la haute pression? D’un débalancement de la glande thyroïde?  Dirions-nous à ceux qui en souffrent de s’en remettre uniquement à Dieu pour soulager leurs symptômes? Je ne crois pas…

 

Que dirions-nous à une nouvelle mère qui ne ressent pas ou peu d’affection envers son bébé, qui pleure souvent sans raison, qui perd goût à la vie, qui ne veut ou peut quitter son lit pour entamer sa journée et qui vit de l’anxiété à longueur de journée?  Confie-toi en Dieu et ça passera? J’espère que non.  Ayant passé par là quelques mois après mon épisode de manie, je sais que mon bien-être, celui de mon enfant et de mon couple aurait alors couru un risque considérable. Les répercussions auraient pu être graves si je n’avais pas reçu de traitement médical adéquat.

 

Mon équilibre mental repose sur la petite pilule blanche que j’avale chaque soir avant de m’endormir.  Il repose également sur d’excellentes nuits de sommeil, de l’exercice régulier et une bonne gestion de mon stress.  Mais sans ma petite pilule blanche quotidienne, je ne pourrais pas fonctionner efficacement. Mon cerveau en a besoin.

 

Pourquoi traiter la maladie mentale autrement que la maladie physique? Un cerveau malade n’aurait pas droit au même soin qu’un autre organe? Un cerveau médicamenté serait-il plus tabou que toute autre condition physique soignée par des pilules? Malheureusement, je crois que oui… Pourtant, ça ne devrait pas être le cas. La dépression, ça se soigne et si les soins passent par la médication, c’est bien correct ainsi.

 

Pour ce qui est du commentaire que j’ai lu, je n’ai pu m’empêcher de garder le silence.  J’y ai répondu poliment en partageant brièvement mon point de vue et mon expérience.  On ne m’a pas répondu.  Je ne m’y attendais pas.  Cela m’a seulement fait réaliser une fois de plus à quel point le sujet de la maladie mentale peut être tabou, d’où l’importance d’en parler ouvertement pour mieux informer les gens et réduire les préjugés qui peuvent causer bien du tort.

 

Et si l’intervention de Dieu pouvait se mesurer par l’avancement des découvertes médicales qui permettent aujourd’hui de mieux soigner certaines maladies mentales? Pourquoi ne pas en bénéficier?

 

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Les pépins de la vie

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Hier soir, je suis tombée sur un blogue écrit par une femme qui a souffert de dépression du post-partum et d’anxiété généralisée.  Un extrait de son dernier billet qu’elle a intitulé « Glitches » m’a particulièrement touchée car je pourrais exprimer la même chose en parlant de ma réalité.  Même si je n’ai pas eu de grosse rechute depuis près de 3 ans et demi, ma vie reste parsemée de petits pépins temporaires qui, sur le moment, comme cette auteure le partage, me pèsent lourd.  Mais je sais aussi que nous vivons tous des moments plus difficiles et que ça fait partie de la vie.  J’ai suffisamment de quoi être reconnaissante pour chaque jour qui s’offre à moi.

 

“I’m aware that sometimes, things just suck because that is the way life is. I am also aware that sometimes things suck because that is just how my brain is.  It’s hard to tell the difference, but it doesn’t matter.

 

Every day I take my meds.  Every day I thank God for my family, my husband, modern medicine, and my faith.

 

Every day I start again.”  

 

Katie Sluiter  http://sluiternation.com/

 

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Dans les griffes de la culpabilité

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Je l’avoue: je me sens coupable très facilement. Et comme aime bien le dire mon mari en me taquinant: “You are guilt driven”. Au moins, comme j’en suis consciente, je travaille sur cet aspect de ma personnalité.

 

Or, dernièrement, je fus la cible d’une attaque de culpabilité hors du commun qui dura plusieurs jours.  Le souvenir d’un événement particulier, qui s’est passé il y a quelques années et que je qualifie d’assez grande erreur de ma part, faisait son apparition à l’improviste à maintes occasions dans la même journée. L’angoisse dans le creux de la poitrine, le niveau de stress qui montait et les images en boucle de mon erreur qui s’imposaient dans ma tête me tourmentaient. Heureusement, j’arrivais assez bien à chasser le tout en quelques minutes, jusqu’à la prochaine apparition quelques heures plus tard.  Cela m’inquiétait.  Je fis donc quelques recherches sur internet pour voir si ces pensées récurrentes de culpabilité pouvaient être un symptôme d’un trouble mental spécifique du genre “trouble obsessif compulsif”.  Mes recherches ne menèrent à rien de concluant.  La seule option que je croyais possible était que cette culpabilité très gênante était un symptôme de dépression.  Je ne ressentais toutefois aucun autre symptôme.  Un peu désorientée par tout ça, je commençais à envisager d’aller consulter un psychologue pour m’éclairer et m’aider à mieux gérer ce sentiment.  Mais avant de faire cela, j’ai décidé d’attendre ma prochaine visite chez mon psychiatre.  Il aurait peut-être une réponse à mon problème.  Heureusement, en attendant cette visite, il s’est avéré que ces incursions de culpabilité diminuèrent grandement jusqu’à presque disparaître.

 

Lors de mon dernier rendez-vous, j’ai donc raconté cette mésaventure à mon psychiatre.  Il prit minutieusement des notes tout le long de mon discours. Une fois terminé, je lui ai demandé s’il pouvait me fournir une explication.  Il me confirma alors que c’était bel et bien un symptôme de dépression et qu’il était très possible que je ne ressente que celui-là, les autres symptômes étant contrôlés par ma médication.  Ces “crises” de culpabilité étaient probablement un signe de légère dépression qui ne s’était pas développée grâce à la médication.

 

Je fus soulagée de cette réponse.  Je suis encore plus informée à propos de mon trouble bipolaire.  Et même si une fois de plus, j’ai réalisé la fragilité de ma santé mentale, ces moments de culpabilité m’ont forcée à continuer de pratiquer la compassion envers moi-même.  Je suis humaine, je fais des erreurs et je peux me les pardonner.

 

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“Waiting for the other shoe to drop”

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Il y a quelques temps, j’ai écrit un billet au sujet de mes « mood swings » (sauts d’humeur).  Bien que je sois consciente de ces débalancements de mon humeur et que je les accepte comme faisant maintenant partie de ma réalité, il m’arrive parfois de ne plus trop savoir sur quel pied danser.    Je m’explique.  Quand j’expérimente un certain « high », l’expérience m’a démontré qu’il est suivi quelques jours plus tard par un « down » plutôt désagréable.  Bien que cet état dépressif ne dure pas plus de deux jours, il n’en demeure pas moins que je souhaiterais grandement ne pas le vivre.

Le problème auquel je fais face maintenant est que chaque fois que je vis un moment très agréable qui me procure une grande joie ou une satisfaction peu commune, j’ai la tendance à redouter aussitôt une déprime dans les jours à suivre (ce qui n’est pourtant pas toujours le cas).  Autrement dit, « I am waiting for the other shoe to drop ». Ce qui, malheureusement, atténue le plaisir du moment.  J’en viens à me demander si le bien-être ressenti est le fruit de mon véritable moi ou le résultat d’un débalancement chimique de mon cerveau, ce qui,  alors, ne serait pas le reflet de la personne que je suis vraiment.   Un peu aliénant n’est-ce pas?

Ce que la lecture d’un excellent livre portant sur la vulnérabilité et le courage (« Daring greatly » de Brené Brown) m’a fait réaliser est que le meilleur antidote au mauvais pressentiment (foreboding joy) est de pratiquer la gratitude, d’être reconnaissant pour le moment présent.   Tel que le mentionne l’auteure, il ne faut pas gaspiller le plaisir, la joie.  Oui, se laisser aller à ressentir la joie est inconfortable (parce qu’on a la tendance de penser à une « bad luck » à venir). Oui, ça peut être épeurant.  Oui, c’est d’être vulnérable.  Mais chaque fois que nous nous permettons de ressentir la joie et de vivre pleinement ces moments de bonheur, nous bâtissons notre résilience et nous cultivons l’espoir.  La joie devient une part de nous et lorsque les épreuves arrivent, et elles arrivent, nous sommes plus forts (Daring greatly, page 126).

Et voilà, ça dit tout.  Mauvais tour de mon cerveau ou pas, j’ai décidé de vivre les merveilleux moments en essayant de ne pas craindre le pire pour la suite. Suis-je vraiment moi-même ?  Who cares?!  Pourquoi gâcher le plaisir?

P.S. : Je reste quand même alerte et prudente.  Je sais maintenant reconnaître les symptômes de la manie et je ne veux pas me rendre jusque-là.

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