Il y a quelques temps, j’ai écrit un billet au sujet de mes « mood swings » (sauts d’humeur). Bien que je sois consciente de ces débalancements de mon humeur et que je les accepte comme faisant maintenant partie de ma réalité, il m’arrive parfois de ne plus trop savoir sur quel pied danser. Je m’explique. Quand j’expérimente un certain « high », l’expérience m’a démontré qu’il est suivi quelques jours plus tard par un « down » plutôt désagréable. Bien que cet état dépressif ne dure pas plus de deux jours, il n’en demeure pas moins que je souhaiterais grandement ne pas le vivre.
Le problème auquel je fais face maintenant est que chaque fois que je vis un moment très agréable qui me procure une grande joie ou une satisfaction peu commune, j’ai la tendance à redouter aussitôt une déprime dans les jours à suivre (ce qui n’est pourtant pas toujours le cas). Autrement dit, « I am waiting for the other shoe to drop ». Ce qui, malheureusement, atténue le plaisir du moment. J’en viens à me demander si le bien-être ressenti est le fruit de mon véritable moi ou le résultat d’un débalancement chimique de mon cerveau, ce qui, alors, ne serait pas le reflet de la personne que je suis vraiment. Un peu aliénant n’est-ce pas?
Ce que la lecture d’un excellent livre portant sur la vulnérabilité et le courage (« Daring greatly » de Brené Brown) m’a fait réaliser est que le meilleur antidote au mauvais pressentiment (foreboding joy) est de pratiquer la gratitude, d’être reconnaissant pour le moment présent. Tel que le mentionne l’auteure, il ne faut pas gaspiller le plaisir, la joie. Oui, se laisser aller à ressentir la joie est inconfortable (parce qu’on a la tendance de penser à une « bad luck » à venir). Oui, ça peut être épeurant. Oui, c’est d’être vulnérable. Mais chaque fois que nous nous permettons de ressentir la joie et de vivre pleinement ces moments de bonheur, nous bâtissons notre résilience et nous cultivons l’espoir. La joie devient une part de nous et lorsque les épreuves arrivent, et elles arrivent, nous sommes plus forts (Daring greatly, page 126).
Et voilà, ça dit tout. Mauvais tour de mon cerveau ou pas, j’ai décidé de vivre les merveilleux moments en essayant de ne pas craindre le pire pour la suite. Suis-je vraiment moi-même ? Who cares?! Pourquoi gâcher le plaisir?
P.S. : Je reste quand même alerte et prudente. Je sais maintenant reconnaître les symptômes de la manie et je ne veux pas me rendre jusque-là.
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