Quand la peur surgit

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Samedi dernier, mon mari et moi sommes allés visiter le département des naissances à l’hôpital où j’accoucherai.  Comme ce n’est pas le même hôpital où s’est déroulé mon premier accouchement, je tenais grandement à visiter les lieux afin de me faire une idée de l’environnement où j’accoucherai en compagnie de mon équipe de sages-femmes.

Mon mari a bien apprécié la visite remarquant entre autres que les chambres sont plus accueillantes que celle dans laquelle j’ai donné naissance à notre fils.  J’ai moi-même remarqué la présence d’un divan et d’un fauteuil qui seront certainement plus confortables que le seul fauteuil, raide, sur lequel mon mari avait eu bien du mal à somnoler pendant un moment plus tranquille de mon accouchement.

Or, bien que je crois que ce département des naissances semble bien organisé, j’ai eu bien du mal à apprécier la visite.  Sans que je m’y en attende, j’ai passé la majeure partie du temps à refouler des larmes qui auraient sûrement jailli si ça n’avait pas été de la présence d’autres couples qui participaient à la même visite.

Les yeux embués, j’inspectais les lieux en m’y sentant à la fois bien étrangère mais aussi trop familière. Le lit d’hôpital, l’équipement médical, la station des infirmières, les écrans de monitorage, la vague impression d’être détachée de la réalité…  Les lieux et l’atmosphère du moment étaient bien différents mais ils me rappelaient trop bien mon expérience laborieuse d’accouchement et mon hospitalisation un mois plus tard.  De pénibles souvenirs entremêlés surgissaient par flash sans crier gare : la douleur extrême des contractions, les crises de panique, la poussée interminable, les délires psychotiques, l’évanouissement, le sentiment d’impuissance, etc.  Je fus presque soulagée lorsque la visite prit fin.

J’ai passé le reste de la journée à refouler les émotions que je n’arrivais pas vraiment à m’expliquer.  Je n’osais  pas en parler avec mon mari ne sachant comment lui expliquer ce que je ressentais.   J’avais pourtant hâte à cette visite alors pourquoi cette sensation de grisaille me prenait-elle d’assaut? Je pensais pourtant avoir fait la paix avec mes souvenirs hospitaliers douloureux.

À l’heure du coucher, j’ai finalement partagé mon malaise avec lui.  À travers mes larmes et les questions qu’il me posait, j’ai réalisé la source de mon malaise : la peur.   Peur de quoi?  Peur des contractions et de l’accouchement, peur d’un autre épisode de psychose, peur de perdre le contrôle et le contact avec la réalité, peur des réactions subtiles de mon propre cerveau, peur de l’inconnu.  Depuis le début de ma grossesse et même avant, j’ai choisi de mettre le focus sur l’espoir envisageant ainsi une expérience positive d’accouchement et de post-partum.  Sans nier le fait que certains risques de complications et de rechute soient présents, j’ai misé jusqu’à maintenant sur l’expertise de mes sages-femmes, de mon psychiatre et de mon mari pour me rassurer.  J’ai laissé peu de place à l’expression de mes inquiétudes en choisissant de me montrer forte et optimiste.   Mais ce soir-là, j’ai réalisé que j’avais beaucoup plus peur que je n’osais me l’avouer.   Le  fait de pourvoir en parler ouvertement à mon mari m’a fait du bien et m’a permis de commencer à entrevoir l’environnement hospitalier d’un meilleur œil.

Avant de m’endormir,  je suis tombée sur un blogue parlant justement de la peur.  L’auteure affirmait qu’elle arrivait maintenant à mieux contrôler ses craintes reliées aux événements futurs en se concentrant sur le moment présent.  Un jour à la fois, un moment à la fois.   Ce conseil est arrivé à point et m’a fait du bien.  Oui, je ressens encore des inquiétudes et je ne les renie pas mais j’essaie maintenant d’amasser davantage de bons souvenirs des instants présents que d’accumuler des peurs sur un avenir que je ne peux de toute façon pas manipuler à ma guise.

 

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