Un essai sans médication

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Depuis que j’ai été diagnostiquée avec un trouble bipolaire du post-partum, je continue de voir le psychiatre qui m’a traitée sur une base régulière.  Cela permet de faire un suivi de ma condition et d’ajuster ma médication au besoin.  Depuis la dernière année, mes rendez-vous ont été un peu espacés puisque dans l’ensemble, je me porte plutôt bien.  Mes rendez-vous ont donc été placés aux deux mois.  Lors de ma dernière visite à la mi-juin, mon psychiatre m’a suggéré d’essayer d’arrêter complètement ma médication puisque la dose que je prends est minimale et que mon état est stable.  Il m’en avait déjà parlé quelques mois auparavant, mais il préférait que j’attende aux vacances d’été, un temps de l’année qui génère moins de stress que les mois où je travaille.  Voyant que j’étais un peu nerveuse à l’idée de me sevrer de mes médicaments, il m’a rassurée en me disant que si je ressentais une fluctuation de mon humeur, je pouvais de moi-même décider de reprendre ma médication à tout moment.

Je lui ai donc demandé si le fait d’arrêter ma médication voulait dire que mon trouble bipolaire était guéri.  Il m’a répondu que ce n’est pas le cas.  Il m’a expliqué qu’on peut être bipolaire sans avoir à prendre de médicament sur une base régulière, ce que je ne savais pas.  Cela ne veut pas dire qu’il n’y aura pas de rechute de manie ou de dépression.  Cela reste toujours une possibilité.  Mais si je respecte quelques règles d’hygiène de vie tel que faire de l’exercice régulièrement, dormir suffisamment et bien gérer les situations de stress, je peux diminuer les chances d’éventuelles rechutes.  C’est donc avec espoir mais avec quelques petites appréhensions que j’ai quitté son bureau avec l’idée de cesser de prendre mes médicaments dans les jours qui suivraient.

À partir de la dernière semaine du mois de juin, j’ai décidé d’arrêter.  Je n’ai senti aucune différence dans mon état durant la première semaine.  Puis les vacances sont arrivées.  J’étais très fatiguée et je fus prise avec un rhume pendant un séjour en famille au Vermont.  J’ai alors commencé à ressentir de l’anxiété à l’idée que je serais trop fatiguée pour préparer notre déménagement prévu pour le 22 juillet.  Au retour du Vermont, j’ai commencé à faire de l’insomnie.  Plus je me sentais fatiguée, moins j’étais capable de dormir.  Je me suis donc mise à stresser à l’idée que ma condition psychologique pourrait être affectée par mon manque de sommeil.  Je me sentais faible et mes pensées ne faisaient que tourner autour de mon état.  J’étais très anxieuse et peu productive.  Je sentais que quelque chose ne tournait pas rond…

J’en ai parlé avec mon mari et ma mère pour conclure que je devrais reprendre ma médication pour voir si je me sentirais mieux.  Je savais que ma médication a aussi comme effet de calmer l’anxiété en plus de stabiliser mon humeur.  C’est donc un peu à contre cœur que j’ai recommencé à la prendre après quatre semaines sans elle.  En moins de 24 heures, l’effet bénéfique se fit ressentir.  J’ai retrouvé le sommeil et l’anxiété a pratiquement disparu.  J’ai tout de suite eu l’impression de reprendre contrôle sur mes pensées qui sont devenues beaucoup plus positives.  Je me sentais aussi plus en forme.  J’étais finalement soulagée d’avoir pris cette décision.

Mon prochain rendez-vous chez mon psychiatre est au début du mois de septembre. Je suis curieuse de savoir ce qu’il va me dire quand il apprendra ce qui est arrivé.  Est-ce que cette expérience démontre que je ne peux pas fonctionner normalement sans médication?  Est-ce que c’était juste un mauvais « timing » avec le déménagement?  Je ne sais pas trop…  Une partie de moi aimerait bien savoir que je peux me passer de médicament, mais je suis capable de vivre avec l’idée que j’en aurai peut-être besoin pour le reste de ma vie.  Comme mon psychiatre me l’a si bien dit il y a quelques mois, le trouble bipolaire, c’est une maladie comme une autre.  Quelle différence y a –t-il entre le fait de prendre des médicaments pour soigner le diabète et le fait d’en prendre pour traiter le trouble bipolaire?  Les deux maladies se traitent et les gens qui en souffrent peuvent bien fonctionner grâce à ces derniers.  Pourquoi ressentir plus de honte quand on est bipolaire que lorsqu’ on souffre de diabète?

 

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