Vivre avec des “mood swings”

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J’ai passé une fin de semaine plutôt moche.  Très fatiguée malgré de longues nuits de sommeil, démotivée, la larme à l’œil et le  manque de patience avec Elliot.  La déprime était au rendez-vous, sans aucune raison valable.  Pourtant, quelques jours plus tôt, j’étais vraiment de très bonne humeur, motivée et productive au travail.  La joie régnait dans ma tête!

Eh oui, j’ai vécu une légère saute d’humeur caractéristique du trouble bipolaire.  Ce n’est pourtant pas la première fois que je vis un petit débalancement de mon humeur, mais cette fois-ci, ça m’a davantage affectée.  Heureusement, mon rendez-vous de suivi avec mon psychiatre était aujourd’hui.  Je lui ai fait part de mes inquiétudes à ce sujet, lui décrivant les deux fois précises où j’ai vécu ces sautes d’humeur depuis le mois de novembre.  J’ai même ajouté qu’à plus d’une reprise, il m’est arrivé de ressentir une bonne humeur un peu hors de l’ordinaire.  Il m’a alors expliqué que ces petits débalancements étaient normaux puisque ma dose de médicament est au mininum possible.  Comme mon état général est stable et pour éviter le plus possible des effets secondaires sur ma santé physique, il préfère ne pas augmenter ma dose.  Ce que je trouve très raisonnable.  Mes habitudes de vie étant saines, il ne s’inquiète pas de ma condition.  Ces sautes d’humeur font désormais partie de ma vie et c’est un apprentissage de vivre avec.  Je suis prête à accepter cela, malgré les désagréments que cela peut me causer quand la déprime débarque… Mais bon, les petits « high » sont plutôt agréables!  Et tant que ça ne dure que deux ou trois jours, il n’y a pas lieu de s’inquiéter.  Si ça perdure, je sais que je peux toujours prendre contact avec mon psychiatre pour assurer un suivi sur le champ.

Enfin, j’aime bien le terme anglophone « mood swing ».  Ça me rappelle le type de danse qui a déjà été bien populaire : le swing.   Ma vie est désormais une danse avec les « swings » de mon humeur.

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Moments de gratitude

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C’est le temps des Fêtes.  Toute ma famille est réunie chez nous pour célébrer Noël et le jour de l’An.  De mémorables moments passés avec mon mari, mon fils, mes parents, mon frère, ma sœur et leurs enfants.  J’attends toujours cette réunion familiale avec grande hâte et j’y prends toujours un réel plaisir.

Hier soir, assise devant un bon feu, au milieu de ces gens que j’aime tant, mes souvenirs me ramenèrent au Noël d’il y a trois ans.  La joie n’était pas au rendez-vous pour moi.  Prendre soin de mon bébé de trois mois était un fardeau.  J’étais très fatiguée, peu motivée et je ne prenais pas du tout plaisir aux festivités que j’avais pourtant toujours appréciées.  Trois mois après mon initiation à un épisode maniaque du trouble bipolaire du post-partum, un épisode dépressif faisait son apparition à mon insu.  Je ne réalisais pas ce qui m’arrivait et ce n’est que quelques semaines plus tard, en larmes dans le bureau de mon psychiatre, que ce dernier diagnostiquait mon état dépressif.  Puisque je fus diagnostiquée à temps, je m’en remis rapidement grâce à un antidépresseur efficace, de l’exercice régulier et le support attentionné de mon mari et de ma famille.

Je ne suis pas retombée dans la dépression depuis mais je sais que je ne suis pas immunisée contre l’apparition d’un autre épisode.  C’est pourquoi j’apprécie tant chaque simple moment de bonheur que la vie m’apporte.  Et plus particulièrement, ces jours-ci de festivités : le plaisir d’offrir des cadeaux, l’excitation de mon fils en déballant ses cadeaux, la bonne bouffe dégustée en famille, les cousins et cousines s’amusant ensemble, les conversations de fin de soirée, les déjeuners enjoués, etc.

Life is good!

 “In our moments of most intense joy, we realize how vulnerable we are”.  Brené Brown

“If we don’t allow ourselves to experience joy and love, we will definitely miss out on filling our reservoir with what we need when. . . . hard things happen.” 

― Brené Brown

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Et si on parlait d’une deuxième grossesse?

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Il y a près de deux semaines, j’ai eu mon rendez-vous de routine avec mon psychiatre.  J’en ai bien sûr profité pour lui raconter ma tentative d’arrêt de ma médication au cours de l’été (voir mon billet daté du 30 juillet).  Je lui ai expliqué mes symptômes et ma décision de revenir à ma prise de médicament.  Comme les symptômes que j’ai ressentis étaient plutôt de l’ordre de l’anxiété qu’un débalancement de mon humeur, je lui ai demandé si l’anxiété pouvait être reliée au trouble bipolaire.  Il m’a répondu que c’est le cas.  Aussi, d’après les lectures que j’ai faites sur le sujet, j’ai appris que l’anxiété est un symptôme courant du trouble bipolaire et que la moitié des gens affectés par le trouble bipolaire souffre aussi du trouble de l’anxiété*.  Ceci dit, mon psychiatre m’a parlé d’envisager une prise de médicament à long terme.  Il m’a donc renseignée sur les effets secondaires possibles de l’olanzapine (nom de mon médicament) pris sur une longue période de temps soient la prise de poids et les risques de diabète.  Mais comme la dose que je prends est minimale et que je suis en bonne santé, il n’y a pas lieu que je m’inquiète vraiment à ce niveau.  Ce qui m’a rassurée.

Mais ce qui me tracassait un peu, c’est l’idée de continuer à prendre mon médicament pendant une future grossesse.  Car, oui, malgré tout ce que j’ai vécu suite à mon premier accouchement, mon mari et moi avons l’intention d’avoir un autre enfant bientôt.  Comme me l’a si bien dit mon psychiatre : « Would you stop walking because you are affraid of falling? » (Arrêterais-tu de marcher par crainte de tomber?).  Oui, les risques d’avoir un autre épisode bipolaire ou une psychose du post-partum sont très présents dans mon cas, mais en étant suivie de prêt, j’ai beaucoup plus de chance de prévenir une rechute.  Mais est-ce que le fait de prendre de l’olanzapine pendant ma grossesse augmente les risques de malformation du bébé?  À ce sujet, mon psychiatre m’a rassurée en me disant qu’aucune recherche pour le moment ne prouve qu’il y ait un risque plus élevé de malformation.  Le choix de continuer à prendre ma médication ou pas me revient.  Si je voulais être plus rassurée, il m’a suggérée de cesser d’en prendre pendant le premier trimestre, quitte à vivre avec les désagréments reliés à l’anxiété qui pourrait refaire surface.  Cette option ne m’enchante guère…

J’ai donc décidé de me renseigner auprès de MOTHERISK (http://www.motherisk.org/women/index.jsp) , un organisme torontois qui informe les femmes au sujet de la grossesse et de l’allaitement en plus de donner beaucoup d’information au sujet de la prise de médicaments au cours de ces périodes critiques pour la santé des mères et de leur bébé.  Cet organisme m’avait justement été recommandé par mon psychiatre lors de mon hospitalisation, lorsque j’ai voulu savoir si je pouvais continuer d’allaiter tout en prenant mon médicament. Il y a quelques jours, j’ai alors téléphoné à MOTHERISK afin de poser ma question pour en avoir le cœur net.  Je fus très satisfaite de la réponse : je peux continuer de prendre de l’olanzapine pendant toute ma grossesse sans risque de malformation pour le bébé.  Quel soulagement!

Mon mari et moi sommes donc prêts pour un nouveau défi.  À l’action 😉

 

*Sources :

camh Centre de toxicomanie et de santé mentale http://www.camh.ca/fr/hospital/health_information/a_z_mental_health_and_addiction_information/bipolar_disorders/borderline_personality_disorder_information_guide_for_families/Pages/bipolar_infoguide_treatments.aspx

Centre des troubles anxieux et de l’humeur http://ctah.eu/espaces.php?ref=612 ).

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Un essai sans médication

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Depuis que j’ai été diagnostiquée avec un trouble bipolaire du post-partum, je continue de voir le psychiatre qui m’a traitée sur une base régulière.  Cela permet de faire un suivi de ma condition et d’ajuster ma médication au besoin.  Depuis la dernière année, mes rendez-vous ont été un peu espacés puisque dans l’ensemble, je me porte plutôt bien.  Mes rendez-vous ont donc été placés aux deux mois.  Lors de ma dernière visite à la mi-juin, mon psychiatre m’a suggéré d’essayer d’arrêter complètement ma médication puisque la dose que je prends est minimale et que mon état est stable.  Il m’en avait déjà parlé quelques mois auparavant, mais il préférait que j’attende aux vacances d’été, un temps de l’année qui génère moins de stress que les mois où je travaille.  Voyant que j’étais un peu nerveuse à l’idée de me sevrer de mes médicaments, il m’a rassurée en me disant que si je ressentais une fluctuation de mon humeur, je pouvais de moi-même décider de reprendre ma médication à tout moment.

Je lui ai donc demandé si le fait d’arrêter ma médication voulait dire que mon trouble bipolaire était guéri.  Il m’a répondu que ce n’est pas le cas.  Il m’a expliqué qu’on peut être bipolaire sans avoir à prendre de médicament sur une base régulière, ce que je ne savais pas.  Cela ne veut pas dire qu’il n’y aura pas de rechute de manie ou de dépression.  Cela reste toujours une possibilité.  Mais si je respecte quelques règles d’hygiène de vie tel que faire de l’exercice régulièrement, dormir suffisamment et bien gérer les situations de stress, je peux diminuer les chances d’éventuelles rechutes.  C’est donc avec espoir mais avec quelques petites appréhensions que j’ai quitté son bureau avec l’idée de cesser de prendre mes médicaments dans les jours qui suivraient.

À partir de la dernière semaine du mois de juin, j’ai décidé d’arrêter.  Je n’ai senti aucune différence dans mon état durant la première semaine.  Puis les vacances sont arrivées.  J’étais très fatiguée et je fus prise avec un rhume pendant un séjour en famille au Vermont.  J’ai alors commencé à ressentir de l’anxiété à l’idée que je serais trop fatiguée pour préparer notre déménagement prévu pour le 22 juillet.  Au retour du Vermont, j’ai commencé à faire de l’insomnie.  Plus je me sentais fatiguée, moins j’étais capable de dormir.  Je me suis donc mise à stresser à l’idée que ma condition psychologique pourrait être affectée par mon manque de sommeil.  Je me sentais faible et mes pensées ne faisaient que tourner autour de mon état.  J’étais très anxieuse et peu productive.  Je sentais que quelque chose ne tournait pas rond…

J’en ai parlé avec mon mari et ma mère pour conclure que je devrais reprendre ma médication pour voir si je me sentirais mieux.  Je savais que ma médication a aussi comme effet de calmer l’anxiété en plus de stabiliser mon humeur.  C’est donc un peu à contre cœur que j’ai recommencé à la prendre après quatre semaines sans elle.  En moins de 24 heures, l’effet bénéfique se fit ressentir.  J’ai retrouvé le sommeil et l’anxiété a pratiquement disparu.  J’ai tout de suite eu l’impression de reprendre contrôle sur mes pensées qui sont devenues beaucoup plus positives.  Je me sentais aussi plus en forme.  J’étais finalement soulagée d’avoir pris cette décision.

Mon prochain rendez-vous chez mon psychiatre est au début du mois de septembre. Je suis curieuse de savoir ce qu’il va me dire quand il apprendra ce qui est arrivé.  Est-ce que cette expérience démontre que je ne peux pas fonctionner normalement sans médication?  Est-ce que c’était juste un mauvais « timing » avec le déménagement?  Je ne sais pas trop…  Une partie de moi aimerait bien savoir que je peux me passer de médicament, mais je suis capable de vivre avec l’idée que j’en aurai peut-être besoin pour le reste de ma vie.  Comme mon psychiatre me l’a si bien dit il y a quelques mois, le trouble bipolaire, c’est une maladie comme une autre.  Quelle différence y a –t-il entre le fait de prendre des médicaments pour soigner le diabète et le fait d’en prendre pour traiter le trouble bipolaire?  Les deux maladies se traitent et les gens qui en souffrent peuvent bien fonctionner grâce à ces derniers.  Pourquoi ressentir plus de honte quand on est bipolaire que lorsqu’ on souffre de diabète?

 

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Le courage

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« Avec courage, vous allez oser prendre des risques, avoir la force d’être compatissant et la sagesse d’être humble.  Le courage, c’est la base de l’intégrité. » 

 Keshavan Nair

En réaction à la lecture de mon blogue et plus particulièrement à la lecture des chapitres de mon livre, plusieurs personnes me disent à quel point elles me trouvent courageuse de partager mon histoire de façon si personnelle et honnête.  Sans vouloir discréditer leur commentaire, je dois toutefois avouer que ce partage de mon expérience du post-partum ne me demande pas vraiment de courage.  Au contraire, je ressens une envie pressante de faire connaître ce que j’ai vécu afin de mieux informer mon entourage et faire tomber les tabous sur la santé mentale du post-partum. Si, à travers mon blogue, je peux aider d’autres femmes à reconnaître les symptômes d’un trouble de l’humeur du post-partum et ainsi éviter des conséquences malheureuses, je serai contente et je saurai que mon expérience n’aura pas été vécue en vain.

 

En fait, ce qui me demande le plus de courage, c’est de vivre chaque jour avec espoir et certains jours en combattant ma crainte qu’une rechute se produise.  C’est de reconnaître que je ne suis plus tout à fait la même depuis mon épisode bipolaire et ma psychose.  C’est de continuer de vivre ma vie le plus normalement possible quand l’anxiété s’immisce en période de stress.  C’est d’avouer que j’ai des limites et d’écouter mon corps lorsqu’il m’envoie des signaux.  C’est d’oser expliquer ces limites à mon entourage en courant le risque de paraître moins « forte » que je voudrais bien le laisser paraître.  C’est d’être qui je suis vraiment. C’est d’être MOI…

 

Et savez-vous ce que ce courage m’apporte?  Une meilleure connexion avec mon entourage.  Des gens qui me partagent à leur tour des expériences difficiles qu’ils ont vécues ou qu’ils sont en train de traverser, ce qui fait qu’ensemble, on se sent mieux compris.  Ce type de courage entraîne la connexion avec autrui et la compassion.  N’est-ce pas là ce dont notre monde a le plus besoin?

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Il était une fois…

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Ça y est…  Je me lance avec ce premier billet de mon blog.  J’ai pensé y mettre un montage de photos que j’ai créé vers la fin de mon séjour à l’hôpital, quelques jours après avoir reçu le diagnostic de trouble bipolaire du post-partum.  Ayant grand besoin de me tenir occupée pour me changer les idées pendant les soirées que ma mère et mon mari s’occupaient d’Elliot (notre bébé) à la maison, j’ai rassemblé les photos de ma grossesse et toutes celles prises depuis la naissance d’Elliot jusqu’à mon entrée à l’hôpital.

Chaque fois que je regarde ce montage, une vague de mélancolie m’envahit.  Je pense à toutes les photos d’Elliot que j’ai prises au beau milieu d’un état de manie et, vers la fin, de psychose, sans savoir ce qui m’affectait ni le diagnostic qui m’attendait…  Un merveilleux chapitre de mon histoire se terminait dans l’ombre.

La partie « non bipolaire » de ma vie était révolue, mais un nouveau chapitre s’est entamé, lequel  j’ai choisi d’accepter  avec espoir.  Et comme je l’ai si bien dit lors d’un discours donné quelques semaines après ma sortie de l’hôpital :

« Chaque jour, chaque heure est une nouvelle expérience, un défi de la vie que j’ai accepté, un voyage que j’ai choisi d’embrasser. » (24 octobre 2009)

Bon visionnement !

 

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